Etudiant en Tek2 sur le campus de La Réunion, Denis Maillot a lancé son propre studio de développement de jeu vidéo, et cela à seulement 19 ans. Il partage avec nous sa passion et ses ambitions.
Denis Maillot est étudiant de 2e année à Epitech, sur le campus de La Réunion. Et on peut dire que le quotidien du jeune homme est bien rempli : à côté des (nombreux) projets à mener dans le cadre de son cursus, notre Tek2 est aussi à la tête… de sa propre entreprise de développement de jeu vidéo, baptisée DreamVeloper et lancée en 2021 avec son cousin, qui partage sa passion. Entretien.
Comment t’es venue la passion des jeux vidéo ?
Denis Maillot – Ca a commencé très jeune. Quand j’étais petit, mon père avait une PS2, à l’époque on l’avait nettoyée ensemble, et c’est là-dessus que j’ai commencé à jouer. J’ai aussi un cousin très fan de jeux vidéo et avec qui je travaille aujourd’hui. Forcément, en baignant dans cet environnement, j’ai grandi dans le jeu vidéo et avec le jeu vidéo, je peux qu’aimer ça. Mon premier coup de cœur, ça remonte à très longtemps. Ca devait probablement être un Ratchet & Clank.
A quand remonte ton premier contact avec le code ?
DM – J’ai appris à coder seul, mon premier contact avec ça c’était en primaire. J’avais créé un tout petit programme, mais je ne comprenais pas trop. C’est à partir de mes 11 ans que je me suis vraiment intéressé à la programmation. Et ensuite c’est parti de fil en aiguille, j’ai commencé avec des petits projets puis c’est monté crescendo.
Pourquoi as-tu décidé de commencer à créer des jeux ?
DM – Je devais être au collège à ce moment-là. Je programmais déjà. Quand la plupart de mes camarades rentraient des cours, c’était pour démarrer la console et jouer ou sortir avec ses amis. Ce que fait un collégien standard. Moi ce qui m’amusait c’était de démarrer mon ordi et passer mes soirées à coder. Je passais toutes mes soirées à programmer car j’adorais ça. J’ai pas forcément commencé par programmer du jeu vidéo. Puis au bout d’un moment j’ai testé, mon cousin m’en avait parlé et j’ai vraiment adoré ça.
Du coup, pendant des années on s’est amusé tous les deux à faire des petits jeux dans notre coin, puis on a fini par faire des jeux ensemble. Et on s’est rendu compte qu’on avait en fait envie d’en faire un métier. Donc on a décidé de lancer notre boite. On s’est dit ‘C’est ça qu’on sait faire et on adore le faire’, que c’était naturel d’aller vers cette voie-là.
Ton style de jeux préféré, c’est quoi ?
DM – C’est les RPG japonais, j’adore ça. J’aime aussi les jeux rétro. Les deux combinés, c’est ce qui me plaît le plus. Le jeu vidéo que j’aurais aimé créé, par exemple, on pourrait dire que c’est Shining Force.
Parle-nous un peu des jeux que tu as créés et qui sont disponibles sur Steam.
DM – Alors, il y a Always The Same Nightmare. Ca c’est un jeu qui a été codéveloppé avec mon cousin. C’est grosso modo un die and retry qui n’est pas facile. Mais comme il a une mécanique de RPG, ça permet à tout le monde de finir ce jeu. Si on bloque sur un niveau et que cela devient trop difficile, on peut aller farmer sur d’autres niveaux puis revenir sur celui-là et le réussir. C’est un jeu qui nous a quand même pris un an et demi, deux ans, à faire.
Ensuite, le second jeu, que j’avais commencé dans mon coin et sur lequel mon cousin m’a aidé, c’est Bloopy & Droopy. Un petit jeu de plateforme dans l’esprit de ce qu’on pouvait trouver sur Gameboy à l’époque. On contrôle deux personnages. Bloopy pour la partie plateforming. Et Droopy qui va nous permettre de creuser dans diverses parties du niveau pour accéder à la zone suivante ou a des secrets cachés par-ci, par-là.
En ce moment, avec mon cousin, on est en train de travailler sur notre prochain gros projet, Western Quest. C’est un RPG dans l’esprit de ce qu’on pouvait retrouver sur la Super Nintendo ou la PS1, les jeux de rôles japonais. Ca va se passer dans un monde un peu western avec des cowboys, tout ça… On espère finir le jeu et le sortir cette année sur Nintendo Switch et sur Steam.
Comment tu vois l’avenir au-delà de ton cursus chez Epitech ?
DM – Sur le long terme, on aimerait vraiment faire de DreamVeloper un studio à part entière. Ce n’est pas juste quelque chose qu’on a lancé comme ça, c’est un vrai projet de vie. Un projet sur le long terme. On souhaite vraiment développer la société, mais pas dans l’optique de la revendre, plutôt pour continuer de développer des choses qui nous plaisent et qui nous motivent.
Vu ton parcours, le choix d’Epitech pour tes études supérieures était une évidence ?
DM – Epitech c’était un choix logique, forcément. Déjà parce qu’à La Réunion, il n’y a pas tant de choix. Il y avait l’université mais le cursus ne me paraissait pas intéressant. De l’autre côté, j’entendais parler d’Epitech depuis des années. C’est une école qui a une renommée, qui a une manière d’apprendre différente. On ne reste pas assis à écouter un cours pendant trois heures. De toute façon, ça, je n’y arrive juste pas. Le côté pratique, c’est exactement ce que je recherchais. Une fois qu’on se met dans le bain, c’est difficile mais passionnant.
Qu’est-ce que t’a apporté Epitech dans tes projets ?
DM – Ce qu’Epitech m’a surtout apporté c’est la rigueur. Je codais avant Epitech mais je ne suivais pas forcément de normes ou de restrictions. Je me rends compte que j’avais peut être parfois des mauvaises pratiques de programmation à certains endroits, des petits soucis par-ci, par-là.
Epitech m’a aussi apporté des compétences techniques qui m’ont été très utiles, notamment récemment. Vu que pour développer notre prochain jeu on a dû remettre au point une sorte de framework de jeu, il fallait faire en sorte que ce framework marche sur le plus de plateformes possible.
Ca c’est des compétences techniques qu’Epitech m’a apprises. Comprendre le bas niveau, savoir compiler les choses à la main… C’est vraiment très enrichissant.
Avec tes projets scolaires et ton entreprise, tu as encore le temps de jouer ?
DM – Bosser tout le temps, ça n’est pas très bon pour l’équilibre à long terme. Ce que j’essaie de faire, c’est de concilier un peu tout : je consacre un peu de mon temps pour les jeux. Plus de temps pour le travail, bien sûr, parce que c’est quand même important. Mais je m’efforce de prendre du temps, de faire de vraies pauses, donc j’ai toujours un peu de temps pour jouer. Pas autant qu’avant, c’est sûr, parce qu’au lycée le rythme était un peu moins soutenu qu’ici. Mais quelque part, ce n’est pas plus mal, dans le sens ou ici je fais vraiment ce que j’aime, je en suis pas en train de faire semblant d’écouter un cours.
Un conseil pour les étudiants d’Epitech qui voudraient bosser sur des projets de jeux vidéo ?
DM – Même si ça paraît dur, même si c’est pas facile, et je le dis franchement, c’est vraiment pas facile de développer un jeu de A à Z, j’ai envie de dire : tentez quelque chose. Même si votre premier jeu est pas joli, même si c’est pas quelque chose d’incroyable, en fait, vous avez appris des compétences en faisant juste quelque chose de très simple. Puis à partir de ça, faites autre chose d’une difficulté un peu supérieure, puis encore un peu plus, et ainsi de suite.
Personnellement, c’est en montant comme ça au fur et à mesure que j’en suis arrivé là aujourd’hui. Mes premiers jeux étaient nuls. Ca ressemblait à rien. Sans dire que mes jeux actuels sont fabuleux, mais je pense qu’il y a une évolution entre mes premiers projets, là où j’en suis aujourd’hui, et là où on compte se diriger.