Les Femmes de la Tech #4 – Les « ENIAC Girls » : six femmes réunies pour assembler et programmer le premier super-ordinateur

Les contributions majeures sont parfois discrètes, et leur reconnaissance bien tardive. Pour les premières femmes du monde informatique, ajoutez à cela des préconceptions d’infériorité… Le risque de passer inaperçu est important. Et pourtant ! En travaillant dans la programmation du premier super-ordinateur vers 1946, les six « ENIAC Girls » ont bel et bien prouvé que le talent en informatique n’a pas de sexe.

Six femmes d’exception réunies autour d’un projet historique

L’histoire des « ENIAC Girls » ne peut être comprise sans parler de l’ENIAC (Electronic Numerical Integrator And Computer), le premier ordinateur entièrement électronique créé à partir des idées de John William Mauchly.

25 mètres de hauteur. 30 tonnes de matériel réparties sur une surface de 135m². Le colossal ENIAC est imaginé pour calculer les trajectoires de missiles en un temps record, et ainsi remplacer la centaine de femmes qui réalisent jusque-là ces calculs pendant la guerre. Mais encore faut-il le rendre opérationnel.

La construction du super-ordinateur démarre en mai 1944, avec six femmes réunies pour faire fonctionner la machine : Kathleen Antonelli, Jean Bartik, Betty Holberton, Marlyn Meltzer, Frances Spence et Ruth Teitelbaum. Toutes viennent d’horizons différents. Leur seul point commun : de hautes compétences en mathématiques. Mais elles se transforment rapidement en de véritables pionnières de la programmation en travaillant sur l’ENIAC.

Malgré leur contribution, lorsque le New York Times consacre un article au super-ordinateur en 1946, aucune d’entre elles n’est citée. Les vieilles habitudes ont le cuir solide. Mais la consécration finira par arrive (bien) plus tard : leur travail n’est ainsi valorisé qu’en 1997, avec une entrée dans le Hall Of Fame des Femmes dans la Technologie, ou encore en 2013 avec la réalisation d’un documentaire qui leur est dédié.

La contribution des ENIAC Girls au monde informatique

Lorsqu’elles reçoivent pour mission l’installation et l’assemblage de ce premier super-ordinateur, les ENIAC Girls sont livrées à elles-mêmes et n’ont pas beaucoup d’informations. L’écrivaine Kate Schatz rapporte dans un article les souvenirs de Kathleen : un tas de plans leur est confié, et à partir de là, elles sont censées pouvoir comprendre le fonctionnement de l’ENIAC et le programmer. Au final, la mission est réalisée avec succès grâce à leur esprit de méthode et leur investissement en temps et en énergie.

Au cours de leurs travaux, les ENIAC Girls présentent des aptitudes considérées aujourd’hui comme primordiales dans les métiers de la programmation. Elles trouvent des solutions aux défis techniques rencontrés, par exemple en élaborant un système de dépannage leur permettant d’identifier, en cas d’incident, lequel des 18 000 ventilateurs de l’ENIAC n’est pas fonctionnel.

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