Chaque année, Epitech Experience est « le rendez-vous de l’innovation ». Lors de sa 15ᵉ édition, de nombreuses interventions de professionnels et experts sur des thématiques très ancrées dans l’actualité du digital et de l’innovation étaient organisées, dont plusieurs keynotes dédiées à l’impact social des technologies. Antoine Bertrand, CEO de Pheal et alumni Epitech (promo 2019), animait l’une d’elle.
Améliorer le suivi des patients
« Pheal a pour mission d’améliorer la vie des patients atteints de maladies chroniques respiratoires. Je suis moi-même atteint de mucoviscidose, et j’ai donc expérimenté notre système de santé. On a connu des innovations thérapeutiques majeures ces dernières décennies, qui ont considérablement amélioré la vie des patients. Mais force est de constater que d’un point de vue organisationnel, on n’a pas eu grand-chose. D’ailleurs, le suivi de la plupart des maladies chroniques est finalement le même depuis des années, à savoir un point avec son équipe soignante, en général espacés de quelques mois. »
« Mais entre ces points, on va simplement réagir à des signaux forts de la maladie, donc des symptômes plus ou moins graves. Et selon la gravité, il va y avoir un diagnostic, une nouvelle prise de rendez-vous ou directement un passage aux urgences. Derrière, l’équipe va prendre une décision pour la santé du patient avec son nouveau traitement, une prise en charge éventuellement hospitalière ou éventuellement à la maison, et c’est ce qui pose en réalité un tas de problèmes. »
« Le meilleur exemple que je peux donner vient simplement de mon histoire personnelle. Il y a maintenant sept ans, au moment d’arriver à Epitech, j’avais décidé de prendre un appartement proche de l’école et qui m’avait été dit « remis à neuf ». Sauf que l’on s’est aperçu, quelques mois plus tard, qu’il était en fait complètement insalubre depuis le début. Comme on ne l’avait pas vu et que ma santé se dégradait progressivement, ça m’a posé un tas de problèmes de santé avec à l’arrivée deux mois de cure intraveineuse à l’hôpital, alors que ça aurait pu être évité. »
La technologie au service de la prévention
« C’est ce qui m’a fait beaucoup réfléchir à ce moment-là, et qui a d’ailleurs conduit à la création de notre société Pheal. C’est la conviction que les technologies peuvent permettre de faire de la prévention, d’anticiper sur les exacerbations et les différentes évolutions de la maladie en prédisant avec des modèles d’intelligence artificielle ou en faisant de la détection précoce à partir du suivi des signaux faibles. »
« Je pense que la technologie peut avoir un tas d’impact sur le monde de la santé en apportant des solutions aussi aux équipes soignantes, d’organisation et de continuité des soins entre les équipes hospitalière et les équipes de ville. On a vu notamment, avec la crise du Covid-19 l’essor de la téléconsultation qui permet d’avoir un contact de façon plus régulière, et sans prendre de risques pour le patient. »
« On note aussi l’impact sur le diagnostic que pourraient avoir la création de nouveaux algorithmes, de nouveaux modèles dans l’intelligence artificielle, qui permettent la prédiction des évolutions ou des complications de la maladie, voire de l’apparition de la maladie. Ce serait évidemment une avancée majeure, et qui commence à arriver dans certains domaines. »
Horizontaliser la relation de soin
« Tous ces moyens sont autant d’outils qui permettent d’améliorer l’efficience de notre système de santé et la chose qui est la plus importante pour moi, c’est l’innovation sociale que peut apporter la technologie. Paradoxalement, on dit souvent que la technologie est là pour remplacer l’humain, pour remplacer certains métiers etc. Là, je pense au contraire que cela permet d’accompagner le développement de nouvelles innovations sociales et organisationnelles, et donc d’accompagner l’humain. Le patient va prendre ici un rôle déterminant dans son propre suivi, et donc il va avoir une certaine responsabilité. Cela contribue au fait d’horizontaliser la relation de soin entre le patient et son équipe soignante, qui ont des très souvent des expertises et des compétences qui sont tout à fait complémentaires. »
« Je pense qu’on va arriver de plus en plus vers une médecine personnalisée, et les technologies favorisent l’essor de cette médecine personnalisée avec notamment des dispositifs médicaux connectés beaucoup plus ajustable et configurables en fonction de chaque patient et de chaque profil ».
Retrouvez l’intégralité de la keynote d’Alexandre Grux dans la vidéo ci-dessus.
Toutes les keynotes d’Epitech Experience 2021 :
« La technologie est clé pour libérer le monde » : Stéphanie Hospital, founder & CEO de OneRagtime
« On peut absolument tout révolutionner » : Flavien Hello, co-fondateur et CEO de R-PUR