Curtis, actuellement en MSc Pro Promo 2022 à Epitech Rennes, fait partie des étudiants incontournables sur le campus. Retour sur le parcours de cet apprenant, véritable couteau-suisse, passionné par l’entrepreneuriat.
Une enfance et une scolarité multiculturelle
De parents enseignants ayant la fibre de l’expatriation, Curtis est né à La Réunion et après une année à Mayotte, il part en Indonésie. Ses parents travaillent pour Total et enseignent pour les enfants d’ingénieurs français déployés dans le pays. Après 6 ans sur place, direction l’Afrique et la Guinée. Entre ses 7 et ses 9 ans, ses parents travaillent pour la CGB (Compagnie des Bauxites de Guinée). Suite à un changement politique dans le pays et après une année séjournée en France, à Vannes, la famille part s’installer au Bahreïn. Ses parents y enseignent dans un lycée français.
Je suis resté au Bahreïn jusqu’à la fin de ma 1ere. Une année avec des cours à distance. La Covid me rappelle des souvenirs sur ce point. On recevait au début de l’année des paquets, avec tous nos cours de l’année. Il fallait trouver un rythme de travail et faire des rendus.
Arrivée sur Rennes pour terminer le lycée
Après presque 17 ans à l’étranger, Curtis et ses parents reviennent en Bretagne en s’installant à Cesson-Sévigné, à côté de Rennes. Il intègre le lycée Sévigné pour sa terminale scientifique section européenne.
« Mon année de Term, ça se passait, je faisais ce qu’il fallait pour avoir 10 mais je ne me suis jamais épanoui dans cette pédagogie classique. En maths sur l’année, je devais tourner entre 2 et 3 de moyenne. Comme quoi on peut faire de l’informatique sans être excellent en maths. C’est pour cela que je me plais beaucoup à Epitech car la pédagogie me convient beaucoup mieux que la pédagogie de cours classique. Le côté linéaire profs/étudiants et les cours normaux en classe ne me correspondaient pas du tout ».
Un passage à la fac avant la révélation Epitech
Après son bac, Curtis fait un crochet par l’université. Au lycée déjà, il commence à développer une passion pour la biologie et les animaux. Il devient végétarien puis végan et, étant bon élève en SVT (Sciences et Vie de la Terre), il s’oriente vers la fac de biologie de Rennes 1 : « C’était super chouette mais j’ai passé plus de temps à faire la fête qu’en cours. ».
La méthode d’enseignement à l’université, via des enseignant.e.s-chercheur.euse.s et des cours en amphithéâtre, ne lui convient pas du tout. « J’étais trop cadré au lycée et là, le manque de cadre à la fac m’a fait pêcher. » Sans surprise, il échoue à ses premiers partiels en décembre. Cet échec le fait se remettre en question : ne va-t-il pas en cours parce que cela ne lui plaît pas ou est-ce que se sont les études qui ne sont pas faites pour lui ? Finalement, le cours qu’il retient le plus est la bio-informatique, où il apprend à faire parler des séquences d’ADN grâce à de la data science et de l’informatique.
Après ce premier semestre compliqué, il n’était plus concevable qu’il reste à la fac. Avec le soutien de sa mère, ils enchaînent ensemble les journées portes ouvertes d’écoles de commerce ou encore d’informatique. Epitech n’a pas été son premier choix. Il ne se voyait pas passer sa vie devant un écran. Trainé de force par sa mère aux portes ouvertes de l’école, il réalise que l’informatique ce n’est pas juste de la programmation et il est séduit par la pédagogie par projets, aux antipodes de ce qu’il a connu.
Un développeur, ça passe une partie de son temps à coder mais aussi une grande partie à imaginer, à prototyper la solution. J’ai trouvé cela incroyable de pouvoir se poser avec une équipe et de se dire, on doit développer une solution pour répondre à un problème. Je n’ai pas temps flashé sur l’informatique mais j’ai flashé sur la pédagogie.
À travers le code informatique, il retrouve le plaisir qu’il avait en bio-informatique et il se dit qu’Epitech, c’est peut-être l’école qui pourrait lui convenir. Pour réussir à intégrer le campus de Rennes, il sait qu’il doit montrer sa motivation. Il enchaîne alors plusieurs Coding Club (ateliers gratuits d’initiation à la programmation, organisé gratuitement par l’école et avec des étudiant.e.s appelé.e.s Cobras) et réalise une journée d’immersion dans les locaux.
La mythique Piscine de 1re année
Comme tous les 1res années à Epitech, Curtis fait sa rentrée en plongeant dans la Piscine de C. Cinq semaines d’immersion dans les bases de la programmation et du langage informatique C.
Au début c’est vraiment une ambiance que j’ai trouvée incroyable. Surtout que j’avais fait le WEI (Week-End d’Intégration) avant, où je m’étais déjà fait beaucoup d’amis.
Après les premiers jours de découverte, arrivent les premiers projets et là cela devient plus compliqué. « Au début on ne comprend pas, on nous parle de pointeurs en C, on ne sait pas ce que ça veut dire. Puis d’un coup c’est le déclic et tu comprends la programmation ». Curtis valide la première partie de la Piscine de justesse et échoue à la seconde mais terminera quand même 12e de sa promotion à la fin de l’année : « Comme quoi on peut rater la Piscine et trouver le déclic après ».
La Piscine ça a été de petites nuits et beaucoup de travail mais ça a été une expérience fantastique et j’en garde un très bon souvenir. Elle m’a également permis de découvrir mon groupe de promo avec lequel je travaille encore aujourd’hui.
Un engagement dans les associations de l’école
Après sa Piscine, Curtis rejoint les Cobras : « Les Cobras et les Coding Club m’ont donné envie de rejoindre Epitech. Je voulais montrer à des jeunes comme moi, ce que j’avais pu découvrir grâce aux Cobras. Je voulais transmettre la passion de l’informatique et la pédagogie Epitech au travers d’exercices ouverts à tous ».
Il commence assistant Chef Cobras et finit par reprendre l’institution en 2e année. Sous sa présidence, les effectifs et le nombre d’ateliers ont triplé. Des partenariats avec des institutionnels, comme l’Atelier Numérique de Google à Rennes, sont même mis en place. En plus des Cobras, Curtis rejoint également l’association E-mma en tant que membre. Cette association, créée par deux étudiantes d’Epitech en 2013, a pour objectif de promouvoir la mixité dans le secteur du numérique. À travers les ateliers d’initiation à la programmation informatique, qu’il dirige pour les deux entités, Curtis découvre et s’épanouit dans la vie associative.
La 2ème année à Epitech : entre professionnalisation et programmation
La seconde année à Epitech s’ouvre sur un stage de 4 à 6 mois à réaliser. Grâce au Forum Entreprises, mis en place par l’école durant sa première année, il rencontre la société Viaccess-Orca (filiale d’Orange spécialisée dans les boitiers de télévision). Il postule à une offre qui était faite pour un.e 3e année et est retenu: « Comme c’était du C et qu’ils savent très bien que des étudiant.e.s d’Epitech en 1ère année ont le niveau, ils ont accepté de me prendre ».
Il conçoit et réalise des tests de compatibilité entre différents drivers, développés en C, et notamment lors de leur mise à jour. Après son stage, il revient à Epitech et plonge dans la Piscine de C++ : trois semaines intensives dans ce langage de programmation. Même s’il trouve cette Piscine bien plus dure que la Piscine de C, c’est celle où il a le plus appris et où il découvre la puissance du C++ par rapport au C.
Le choix de l’alternance et du parcours MSc Pro
Pour sa 3e année, Curtis souhaite passer davantage de temps en entreprise et décide de poursuivre sa formation en Pré-MSc. Cette année de formation, accessible après un Bac +2 informatique ou Bac +3 scientifique et permettant de poursuivre jusqu’à un Bac +5 (à travers les MSc Pro), offre 8 mois en alternance. « La spécialité Transformation Digitale et le Titre de Management des systèmes d’information (offerts en MSc Pro) m’intéressaient particulièrement. Je fais moins de code pur et plus d’analyse de projets, de relation client ». À travers cette année, il développe une passion pour la gestion de projets et le milieu commercial. Passion qui a commencé avec ses activités associatives à l’école. Les parcours MSc Pro offrent plusieurs spécialisations. Curtis choisit la FinTech car pour lui, « il y a beaucoup d’optimisation à faire dans le monde de la finance ».
Il effectue son alternance en Pré-MSc chez Capgemini, qu’il a découvert grâce à leur programme ambassadeur. Déjà en contact avec l’ESN (Entreprise de Services du Numérique) pour un potentiel stage, il leur demande la possibilité de changer ce contrat en alternance. La société accepte et le fait travailler sur un Job Spark, un moteur de traitement de données rapide dédié au Big Data. Après 8 mois d’alternance, Curtis souhaite se diriger davantage dans la gestion de projets que dans la programmation pure. Il décide de chercher une autre alternance pour ses deux dernières années en MSc Pro. Un apprenant de sa promotion lui parle de la société Heyliot, chez qui il est lui-même en alternance, qui recherche un chef de projets. Curtis saute sur l’occasion et décroche son contrat d’alternance. Grâce à une technologie laser brevetée, Heyliot fabrique des capteurs pour mesurer le niveau de remplissage dans tous types de contenants.
Le commercial trouve un contrat et je deviens le contact du client. Je m’occupe du pré-déploiement, du déploiement (gérer l’installation des capteurs), du post-déploiement (assurer le suivi des capteurs, vérifier qu’ils fonctionnent…) et de réaliser les rapports d’activité des capteurs. Cela permet d’aider les organismes de collecte de déchets à optimiser leurs tournées. Je suis en relation avec le client et les ingénieurs, à l’interface des protagonistes et j’adore cela.
Un esprit d’entrepreneuriat développé
En février 2020, Curtis arrête la gestion des Coding Club et donc d’être Cobra. Il lui fallait un nouveau projet. Il sait que la Junior Conseil de l’école, Taker, est présente dans plusieurs Epitech de France. Il se rapproche du bureau parisien et leur propose d’ouvrir la branche rennaise. L’association est très intéressée car il y a un vivier de compétences à Epitech Rennes et un vivier d’entreprises partenaires demandeuses. En à peine deux mois, tout est réglé administrativement, la branche rennaise peut se lancer : « Notre 1er contrat nous a été envoyé par le service développement de l’école. Une société avait besoin d’un développeur mais ne pouvait pas passer par un stage ou une alternance. Dans chaque projet géré, il y a un chef de projet et un ou plusieurs développeurs. Cela permet à chacun de mettre un pied supplémentaire dans le monde du travail et de comprendre le monde de la freelance (même si les statuts sont différents) ». Aujourd’hui l’association Taker est présente sur 11 campus Epitech en France et vient d’ouvrir une branche à La Réunion.
Après plusieurs mois à Taker, Curtis décide de quitter l’association pour monter sa propre société, avec plusieurs apprenants de sa promotion : Klusterize. « C’est une entreprise proposant ses services en développement informatique, notamment web et mobile et de conseils autour des systèmes d’informations. Nos clients sont notamment des particuliers qui voudraient lancer leur activité via un site Internet ou des petites structures et start-ups. Pour l’instant on vise moins les PME et grandes entreprises ». Les co-fondateurs pensent déjà à l’avenir et utilisent leurs compétences acquises à Epitech pour se projeter. Ils souhaitent également faire de la Data et du développement logiciel. « Nous développons et expérimentons aussi en parallèle diverses solutions SaaS pour aller chercher un autre modèle économique, à travers une solution de gestion de tâches avec un cube permettant de tracker son temps. Nous voudrions passer d’un modèle B to B à B to C ». Pour cela, ils mettront à profit leur projet de fin d’études de MSc Pro : un an et demi de travail pour réaliser un projet d’envergure, répondant aux besoins du secteur d’activités qu’ils ont décidé de découvrir. Après son MSc Pro, Curtis souhaite continuer l’expérience entrepreneuriale et développer Klusterize.
À l’été 2020, une nouvelle école du Groupe Ionis intègre le campus d’Epitech Rennes : XP School. Les responsables proposent à Curtis de donner des cours d’informatique aux 1ères années, à hauteur de 3h par semaines. Intéressé par l’expérience, il devient auto-entrepreneur et fais découvrir la programmation ou encore l’impression 3D à ces nouveaux étudiants rennais…
Une situation sanitaire qui ne l’empêche pas de penser aux autres
En avril 2020, motivé par la crise du Covid et l’envie de servir, il rejoint la Protection Civile. D’abord en tant que stagiaire, il suit ensuite une formation de Premier Secours en Equipe de niveau 1 (PSE1) et devient secouriste. « Les personnes que l’on rencontre à la protection civile sont géniaux. L’association permet de donner son temps quand on en a et quand on en a envie, volontairement, pour protéger les gens ».
En plus d’être investi dans l’association Time For The Planet, Curtis a une pensée pour les autres promotions de l’école et notamment les nouve.lles.aux arrivant.e.s. : « Je m’estime heureux, j’ai eu la chance de pouvoir avoir une vie associative et sociale dans et en dehors de l’école, connaître le BDE (Bureau des Étudiants) … Là c’est bizarre, les 1ères et 2e années vont reprendre les associations sans les avoir connues dans leur rythme normal de fonctionnement. J’espère que la fibre BDE continuera, c’est essentiel dans une vie étudiante. Après moi je n’ai pas souffert du distanciel avec Epitech. On est beaucoup dans cette pédagogie qui nous pousse à rechercher par soi-même des solutions, afin de progresser et on peut toujours se référer à des enseignant.e.s ou des étudiant.e.s d’années supérieures qui nous encadrent, pour poser des questions. Je n’ai jamais ressenti un manque de la part d’Epitech dans le distanciel. Ce qui me manque beaucoup, c’est forcément la vie sociale mais scolairement, cela n’a rien changé pour moi d’être en présentiel ou en distanciel ».
Curtis est un apprenant qui a marqué le campus d’Epitech Rennes par sa joie de vivre et son investissement. Pour terminer ce portrait, la recommandation sur son profil LindekIn de Mélanie MORIN, Responsable Programme Google Ateliers Numériques Grand Ouest, illustre parfaitement ce chef de projet : « Curtis est une personne de confiance, fiable et efficace. Il est proactif, c’est un vrai plaisir d’avoir pu collaborer avec lui dans le cadre de Google Ateliers Numériques et de sa mission en tant qu’étudiant et responsable de l’association des Cobras ».