En période de crise sanitaire, l’ère est au « sans contact », et ce n’est pas pour déplaire aux fondateurs de Witick. Grâce à la technologie Bluetooth intégrée à leur application mobile, plus de 200 000 utilisateurs circulent désormais dans les transports en commun bordelais grâce à leur simple smartphone. Rencontre avec Romain, alumni Epitech 2017 (Bordeaux et Paris), un des trois fondateurs du service qui vient d’annoncer une levée de fond de 1,35 millions €.
La genèse de Witick
« Witick est une application d’achat et de validation des titres de transport développée en région bordelaise depuis 2 ans. Lorsque nous avons dû lancer notre projet EIP à Epitech Bordeaux, nous nous sommes posés la question suivante : pourquoi quand je prends l’avion ou le train, j’ai mon billet sur le téléphone, mais pas dans les transports en commun ? »
« Nous avons alors lancé notre 1er prototype pour acheter un titre de transport en commun, présenté à la métropole de Bordeaux par l’intermédiaire d’Epitech. Nous avons reçu un très bon accueil ! Comme ils étaient intéressés, ils nous ont proposé un partenariat pour nous accompagner au long de notre EIP. »
« En 5è année à Epitech, on remporte l’EIP puis on lance Witick avec notre propre boite a Bordeaux. En 2017, nous faisons une première levée de fonds de 250 000 €, afin de nous lancer sur l’ensemble du réseau de transports en commun bordelais, et avoir un produit stable. Aujourd’hui, nous levons 1,35 millions € pour développer une dizaine de réseaux. »
Le positionnement de Witick
« C’est une seule application mobile. On se positionne du point de vue de l’usager, avec une « user experience » particulière. On se concentre vraiment sur l’interface utilisateur, pour avoir le moins de clics possible. On propose d’acheter et de valider un titre transport sur le réseau Bordeaux Métropole (bus, train, bateau…) ainsi que l’île aux Moines en Bretagne. On compte actuellement 200 000 utilisateurs, ce qui représente entre 20 et 25% de part de marché à Bordeaux. »
« Pourquoi ce service n’existait pas avant ? C’est simple au premier abord, mais on a choisi d’utiliser la technologie Bluetooth pour valider le titre, disponible sur chaque téléphone. À la base les premiers protos fonctionnaient moyennement, le Bluetooth était trop instable. Pendant plus de 2 ans, on a donc fait de la R&D pour faire marcher cette validation Bluetooth. »
« Aujourd’hui, nous avons plusieurs concurrents qui utilisent différentes technologies, mais chacune à ses limites :
- Le QR Code dans les bus et tram : la technologie n’est pas très poussée mais c’est compliqué d’un point de vue usager quand il y a du monde dans les transports.
- Le NFC, qui n’est pas disponible sur tous les téléphones.
- Le SMS, limité du point de vue des exploitants de transports, qui ont besoin de savoir où l’usager valide. »
Plus de 2500 bornes compatibles sont déployées.
« Qui plus est, le Bluetooth règle le problème de la distance de validation, plus éloignée que les autres système. Aujourd’hui, plus de 2500 bornes compatibles sont déployées sur le réseau de transport. L’appli est stable techniquement, nous n’avons pas eu de crash depuis le lancement et nous sommes très bien notés sur les stores. »
« En synthèse, valider en Bluetooth, c’est pratique, car il n’y a pas de scan, les données de validation sont transmises à l’exploitant et notre appli est aussi accessible aux non voyants. »
Les enjeux de Witick pour le futur
« On a connu un gros boom en septembre dernier, après l’été et le premier confinement. La crise sanitaire et la dynamique du ‘sans contact’ nous a été favorable. »
Une carte à jouer dans le processus achat / validation.
« Demain, l’idée est d’avoir la manière la plus simple pour payer et accéder aux transports. Les infos transports sont déjà bien présentes via d’autres services comme City Mapper, mais nous avons vraiment une carte à jouer dans le processus « achat / validation », et la fluidification de la partie paiement dans l’application.
Notre objectif ultime : pouvoir rentrer dans le moyen de transport et y accéder / valider le titre juste en ayant le téléphone dans la poche. »
La pédagogie Epitech et toi
« Je suis issu de la Promo 2017. À la base, je m’orientais vers du commerce, mais en lisant la brochure d’Epitech dans un salon, je me suis dit « c’est vraiment ça que je souhaite faire« : la manière dont la pédagogie était présentée, beaucoup de projets, le fait d’être autodidacte, créer quelque chose en partant de 0, plus un côté business global…
Aujourd’hui, ce qui me sert, c’est d’être entouré de personnes qui me ressemblent, comme nous sommes tous issus du cursus Epitech.